
Critique de La fée lumière (Bob Solo) par Diana Auzou, Babelio :
………………..pause… le temps de retrouver le recul et écrire quelques mots étranglés par l’émotion et secoués par mon vécu, une amputation sans anesthésie de la meilleure partie de moi…
Cher Bob,
« On donnait jadis un nom aux diverses tranches de la durée : ceci était un jour, cela un mois, cette église vide, une année. Nous voici abordant la seconde où la mort est la plus violente et la vie la mieux définie », je commence par une phrase entre guillemets, elle appartient à René Char, dans Feuillets d’Hypnos, phrase que j’ai faite mienne depuis des années maintenant, il n’y a pas si longtemps que ça.
La vie fait se croiser des chemins pour le meilleur et pour le pire, une fraction de seconde suffit pour passer au pire, un tout autre temps pour le surmonter.
Notre vie un équilibre dont l’instabilité dépasse souvent tous nos efforts pour l’éloigner, et ce que nous croyons entier peut se trouver dans un instant pulvérisé.
Le récit poignant de ton amour, foudroyé cruellement en l’espace de quelques semaines est un hurlement de douleur, une musique d’orgue dans une cathédrale qui l’accueille et la laisse s’élever vers le ciel et les nuages qui à leur tour l’emportent vers Sophie, où qu’elle se trouve, où qu’elle voyage, musique qui garde son sourire et sa lumière. Tu la gardes vivante, elle t’a laissé le vide…tellement plein de cet amour sans pareil.
Les mots que je t’adresse sont ceux aussi que j’ai adressés à mon mari, avec lesquels je lui parle tous les jours. J’étais avec lui, je vis et continue à le faire vivre.
Des mots d’amour pour ceux qui nous ont quittés… pas tout à fait, et pour ceux qui sont encore de ce monde, avec qui nous partageons nos vies, de près ou de loin, en amis ou étrangers.
Ta plume crie ta douleur et ton déchirement, elle fait sortir ta colère et le poids lourd d’une certaine culpabilité qui s’installe sans demander son droit. Ta plume interroge le sens, cherche à le trouver là où on croit qu’il n’existe pas.
« On ne maîtrise pas les forces et les lois de la nature en les dominant, mais en leur obéissant. Ainsi l’accord est parfait. C’est une harmonie dont on se demande si ces humains qui se pensent si forts et si malins l’ont seulement connue, ne serait-ce qu’une fois, au cours de toute leur Histoire.«
« C’est la route qui compte, le chemin que l’on trace et se rendre compte à quel point aimer nous humanise. »
Récit fil rouge où la plus chère, la plus précieuse t’a été arrachée, de quel droit ? Son droit !…
Récit qui reconstruit et nous fait partager, avec amour et générosité, une belle et lumineuse histoire, et fait revivre dans toute sa splendeur, une femme, la tienne, la fée lumière.
Récit construit avec un amour immense, récit émouvant, poignant, léger et éblouissant par le sourire de Sophie, à chaque moment.
Le chaos se transforme, par petits pas, lourds et éprouvants, en prière, en analyse, en histoire, doux souvenirs, mémoire, souffle de vie à garder pour l’existence entière.
Sophie, partie, vit maintenant avec nous et continue à vivre avec toi, Bob, autrement, et pour toujours. Fée lumière, Phoenix.
Votre amour te donnera la force qui te fait défaut aujourd’hui, pour t’y appuyer et avancer.
Je cite émue “le truc que vous dégagez tous les deux” on nous l’a dit aussi, avec exactement ces mêmes mots !…
Je te cite encore, Bob, ton récit nous fait vivre…
« …des moments susceptibles de provoquer des rapprochements…capables de faire tomber des barrières, d’aplanir, de gommer, au moins pour un temps, ce qui ordinairement nous tient éloignés, nous laisse indifférents les uns aux autres, ou même nous divise. Pour enfin nous rassembler. »
« Peut-être devrons-nous aussi, toutes et tous, faire le deuil de certaines choses, peut-être est-il sage de s’habituer à cette idée dès maintenant. Et sans être d’un optimisme un peu puéril, il est possible que ce ne soit pas qu’une mauvaise nouvelle, qu’on pourrait en tirer des avantages.
De quel ordre ? Je reconnais que je n’en sais rien. Quand on en est encore à se débattre en pleine tourmente, parant au plus urgent, il est assez difficile de saisir ce qu’il peut y avoir de positif dans une situation aussi critique, et d’imaginer ce que sera le calme après la tempête. Au moins conserve-t-on l’espoir que le calme finira effectivement par revenir. L’espoir fait vivre, c’est bien ce que dit l’adage, n’est-ce pas ? Alors espérons et vivons. Et à y être, tentons de vivre vraiment, le plus pleinement possible, de ne pas recommencer à laisser filer les heures et les jours sans même y penser, mais de parvenir à en goûter la saveur, à en trouver le sens, à emplir tout ce temps de quelque chose de vrai, de tangible, quelque chose qui puisse avoir de la valeur, qui puisse justifier notre existence, qui nourrisse notre humanité, qui nous aide à garder notre dignité. »
L’histoire est écrite par les survivants qui font vivre ceux qui sont partis, maintenant silencieux mais point muets, grâce à notre promesse de vivants : « ne plus laisser passer une occasion de dire je t’aime. »
Diana Auzou, Babelio, 19 septembre